Le 28 décembre 1988, plus de 300 étudiants Uigur de cinq universités de Pékin organisent une manifestation dans la rue contre la discrimination raciale, ils réclament plus d'égalité et le respect des droits de l'homme pour les minorités ethniques.
Les manifestations de mécontentement et les mouvements de protestation continuent en 1989. En mai, des groupes musulmans dont l'ensemble dépasse cent mille personnes manifestent à Urumqi, à Pékin et en d'autres villes, réclamant la saisie du livre Les coutumes sexuelles, publié à Shanghai, qui traite le sujet de façon offensante dans son chapitre consacré à l'islam.
En juillet 1989, après l'intervention des troupes sur la place Tiananmen contre les étudiants, dont les manifestations pour la liberté et la démocratie ont mobilisé des groupes islamiques, toute la direction de l'AIC se réunit pour réaffirmer son soutien au discours de Deng Xiaoping et à la résolution du Comité central du Parti de "renforcer consciencieusement le travail idéologique politique, de mieux développer l'éducation patriotique et de s'opposer au libéralisme bourgeois"Nous devons, affirme l'AIC, suivre la direction du Parti dans l'organisation des professions religieuses et des masses musulmanes. En étudiant bien les affirmations de Deng Xiaoping et des autres documents majeurs, nous devons augmenter la prise de conscience idéologique, distinguer le vrai et le faux, maintenir la paix et l'union dans tout le pays. Nous devons continuer à aider le gouvernement à appliquer sa politique à l'égard des minorités et des religions, renforcer l'unité entre le peuple et les sectes religieuses et accomplir consciencieusement nos obligations de croyants" (36).
Le 29 août 1989 meurt Burhan Shahidi, président honoraire de l'AIC.
En mars 1990 une campagne est lancée contre le fondamentalisme islamique et contre "les forces hostiles étrangères qui cherchent à faire des prosélytes et à créer des tensions
En avril 1990 un groupe de musulmans organisés en "parti islamique du Turkestan de l'Est", sous la direction d'Abul Kasim, proclament la guerre sainte pour établir une république indépendante. L'intervention des forces de police à Baren, près de Kashgar dans le Xinjiang, fait une cinquantaine de morts. Puis viennent les arrestations (six mille selon Amnesty International), les interrogatoires et les exécutions. Les mosquées et les écoles sont fermées. Une campagne est lancée pour convaincre les chefs religieux et les fidèles musulmans de s'opposer au séparatisme. Des régions du Xinjiang sont fermées au tourisme.
En juillet l990 la Chine noue des rapports diplomatiques avec l'Arabie saoudite. En novembre de la même année, dans le district de Yuxi à 80 kilomètres au sud de Kunming au Yunnan, une autre manifestation éclate : trois musulmans sont tués et beaucoup d'autres sont blessés.
Dans les premiers mois de 1991, surtout pendant la guerre du Golfe, on enregistre des manifestations en faveur de Saddam Hussein, acclamé aussi comme un éventuel libérateur des musulmans chinois.
Le 8 mars 1992 se déroule une grande manifestation à Kashgar, près de la mosquée la plus importante, pour réclamer le respect des droits de l'homme et l'autodétermination politique. Des policiers armés interviennent.
Lignes de développement
a) Autonomie locale et unité nationale
Une première constante dans l'histoire récente de l'islam en Chine a été, du côté des musulmans, une sensibilisation de plus en plus profonde à la liberté et à l'autonomie, jusqu'à réclamer l'indépendance, et du côté des autorités chinoises, la préoccupation croissante de l'efficacité de leur contrôle et de l'unité nationale. Derrière toutes les protestations des musulmans il y a leur ressentiment contre l'emprise des Han sur leurs terres, leur suprématie et leurs fréquents abus de pouvoir. La majorité des musulmans refusent l'enseignement laïc et athée des communistes chinois, qu'ils regardent avec mépris comme "infidèles". De leur côté, avec la libération et l'ouverture de la Chine au monde, les autorités chinoises n'ont cessé, en insistant sur l'unité nationale, de s'inquiéter de l'influence que les pays musulmans, en particulier ses voisins d'Asie centrale qui ont obtenu leur autonomie en 1989-1990, peuvent exercer sur leurs coreligionnaires chinois. Dans les années récentes, les forces de sécurité ont déjoué beaucoup de tentatives d'indépendance musulmane, surtout dans le Xinjiang.
En mai 1988, les autorités chinoises organisent pour les minorités ethniques une conférence sur l'unité nationale, avec le but de leur inculquer de façon draconienne l'urgence de l'unité.
En février 1990, au Tajikistan, qui est uni géographiquement et ethniquement au Xinjiang chinois et qui a repris avec lui un rythme élevé de relations et d'échanges, l'état d'urgence est décrété. Le premier ministre Li Peng affirme que cette province présente "tous les facteurs d'instabilité" et met en garde contre les forces séparatistes qui "peuvent, sous le manteau de la religion, s'infiltrer dans nos rangs en profitant de nos rapports avec d'autres paysLe ministre des minorités nationales, Ismaïl Asmat, prend la suite en attaquant ceux qui "fomentent des désordres et mènent des activités séparatistes sous des prétextes ethniques ou religieuxDans son rapport annuel présenté à Urumqi le 3 mars 1990, le gouverneur du Xinjiang, Tomur Dawamat, musulman lui-même, fait état d'une "période de lutte politique extrêmement difficile" au cours du printemps et de l'été précédents, de nombreux conflits et de mouvements protestaires. Il menace d'une sévère répression toute activité séparatiste. Dans les premiers mois de 1990 la campagne tant nationale que régionale contre le fanatisme islamique vise à maintenir partout l'ordre et la stabilité. Après l'insurrection de Baren en avril 1990, une campagne lancée là auprès des milieux religieux musulmans mobilise clergé et fidèles sur les objectifs : "aimer la patrie, observer les lois, s'opposer au séparatisme et sauvegarder l'unité nationale", "empêcher les tentatives d'infiltration d'ennemis de la mère-patrie qui mettent en péril l'unité nationale, violent la loi et la discipline" (37).
Une enquête réalisée par l'académie des sciences sociales dans le Xinjiang rapporte en 1991 : "Dans les années récentes, au sud de la région autonome du Xinjiang Uigur, l'audience et l'influence des religions ont régulièrement augmenté en plusieurs régions. Le sentiment religieux s'est de plus en plus renforcé dans les masses et on observe une véritable fièvre religieuseLes raisons de cette "fièvre religieuse" sont manifestes : rapidité de la construction ou des agrandissements de mosquées, multiplication spectaculaire des livres saints et des écoles de mosquée, grand nombre des cadres du parti et des enseignants qui pratiquent la religion et qui participent à des activités religieuses, prestige et position sociale du clergé et des chefs responsables religieux, forte pression exercée par les forces religieuses et par la tradition qui contraint tout le monde à croire, etc., - autant de stimulations des activités religieuses qui interfèrent d'ailleurs avec l'administration, le système judiciaire, l'enseignement, la planification des naissances, le progrès technique et la mécanisation de l'agriculture (38).
b) A l'égard des mosquées et des lieux de culte restaurés ou construits, les autorités chinoises tiennent à en favoriser de toutes manières "l'administration démocratiqueActuellement le nombre officiel des mosquées ouvertes dépasse vingt-trois mille. "Selon la règlementation, la construction ou l'agrandissement des lieux de culte, y compris les mosquées, doivent être approuvés par le service (officiel) responsable au niveau de la commune ou au-dessus. Depuis quelques années, leur construction échappe au contrôle de l'Etat et ce sont des cadres de niveau inférieur qui délivrent l'autorisation. Beaucoup de mosquées sont même construites sans la moindre autorisation. En conséquence le nombre des mosquées a été multiplié plusieurs fois en peu d'années... C'est surtout depuis 1984 que les citadins et les villageois se sont mis à rivaliser dans la construction de mosquées grandes ou petites et ce mouvement a atteint un sommet en 1986" (39).
Quant à l'administration démocratique des mosquées, ses règles particulières sont édictées par l'AIC de la province ou du lieu, ainsi que par le Bureau des affaires religieuses. En octobre 1986, l'AIC de Pékin rédige un projet de statut qui définit le comité d'administration démocratique des mosquées : "Au nom des masses musulmanes, le comité d'administration démocratique des mosquées agit sous la direction des directeurs des services responsables des minorités nationales et des affaires religieuses à tous niveaux et des dirigeants de l'association islamique. Ses tâches consistent à : aider le gouvernement dans la diffusion et l'application de la politique du Parti et de l'Etat à l'égard des nationalités et pour la liberté religieuse ; gérer les affaires administratives et financières de la mosquée ; prendre soin des affaires religieuses ; conserver et protéger les biens des mosquées et les monuments culturels ; accueillir les hôtes ; redemander aux AIC du district et de la commune un imàm qui sera ensuite nommé par l'association locale ; créer des entreprises de production, de services et d'assistance sociale ; promouvoir l'unité nationale; protéger la sécurité de la société et participer positivement aux initiatives prises en faveur de la civilisation spirituelle socialiste" (40).
Voici l'une des conclusions de la rencontre des secrétaires généraux musulmans de novembre 1988 : "Il existe actuellement plus de vingt mille mosquées dans tout le pays. Beaucoup parmi elles ont déjà leur comité d'administration démocratique, des statuts en bonne forme et un système d'organisation approprié. Elles ont de la sorte assuré les meilleures conditions pour réaliser leurs activités et leurs devoirs religieux et favoriser la construction harmonieuse de l'unité. Elles ont également formé des entreprises pour assurer leur autonomie financière, avec des résultats positifs dans tous les secteurs. Mais il y a des mosquées qui n'ont pas encore mis sur pied un comité d'administration ou qui ne l'ont pas établi conformément aux directives. Il est donc unanimement recommandé que, sous la direction et avec le soutien des services gouvernementaux responsables, un plan d'action soit élaboré, d'une part pour venir en aide à ces mosquées encore privées d'un comité d'administration démocratique, afin qu'il soit rapidement constitué, d'autre part pour aider les autres en vue d'une meilleure efficacité démocratique" (41).
c) Le développement récent de l'islam en Chine a également porté sur la célébration de ses traditions et de ses fêtes annuelles. Les musulmans chinois pratiquent toujours la prière cinq fois par jour à l'appel du muezzin du minaret. Ils continuent de se réunir le vendredi à la mosquée pour la cérémonie hebdomadaire et les ablutions rituelles. Ils célèbrent solennellement leurs fêtes annuelles. Celle du Qorban ou "Fête du grand sacrifice" (Id al-Adha ou de l'immolation des animaux) le dixième jour du douzième mois, comporte un nettoyage général de la maison, la confection de tartes et d'autres pâtisseries spéciales le soir précédent, le matin de la fête des ablutions et une cérémonie à la mosquée, l'immolation d'un agneau pour les invités et la parenté, des jeux et des compétitions. Le mois du Ramadàn, au neuvième mois, impose un jeûne total du lever au coucher du soleil. La fête du Bairam ou Id al-Fitr marque pendant trois jours la fin du jeûne du Ramadàn : le premier jour commence par des prières à la mosquée et la visite des tombes puis se passe en visites à la parenté et aux amis. A l'occasion de cette fête, chaque famille doit faire une offrande à la mosquée et des dons aux pauvres et aux orphelins. Ces célébrations s'ajoutent aux fêtes traditionnelles chinoises comme le Nouvel an ou fête du printemps, le festival de la mi-automne, etc., pendant lesquelles, jusque devant les mosquées, les gens se mêlent à des troupes professionnelles pour donner des spectacles de chansons et de danses traditionnelles.
Les musulmans s'efforcent aussi de conserver leurs coutumes et leurs traditions, surtout pour les mariages et les enterrements, en dépit de la pression officielle pour les simplifier et les changer. Dans chaque village musulman a été formé un comité chargé de contrôler que ces cérémonies soient organisées sans dépenses excessives : "Nous devons obéir aux Ecritures de l'islam qui défendent le gaspillage. Quand on fait choix d'une femme pour se marier, on ne dépense pas d'énormes sommes pour le tape-à-l'oeil. Les funérailles aussi doivent se faire selon les enseignements des Ecritures, aussitôt après la mort, simplement, en n'érigeant qu'une petite stèle, en rompant avec la mauvaise habitude d'une parade de deuil. Ces manières de faire sont dans l'esprit de l'appel du gouvernement à un style de mariage nouveau et à un cérémonial simple de sépulture" (42).
La tradition du pèlerinage à La Mecque est l'objet d'une particulière attention. Depuis 1986 paraît un bulletin Nouvelles pour les pèlerinages, des bureaux et des comités sont organisés pour la réception des pèlerins. Les secrétaires généraux de l'AIC réunis en 1988 font la proposition suivante : "L'AIC a l'importante responsabilité d'organiser un pèlerinage par an. Cette année, le grand nombre des demandes, plus élevé que l'année précédente, et les conditions nouvelles nous amènent à faire les propositions suivantes. L'association islamique devrait organiser dans chaque région, en accord avec les bureaux et les associations du lieu, une session spéciale consacrée aux problèmes des pèlerinages. Les associations locales doivent former des équipes responsables qui mettront au point et simplifieront les formalités, fourniront aux pèlerins renseignements et directives avant leur départ. Tout inscrit au pèlerinage doit être pleinement informé de ses aspects doctrinaux comme de son règlement. Les masses doivent être dissuadées d'organiser des fêtes au départ des pèlerins et à leur retour" (43).
d) L'islam s'est également développé sur le plan de l'enseignement des fidèles et de la formation des agents religieux. En 1982 est rouvert à Pékin l'Institut théologique islamique de Chine. D'autres instituts sont ouverts par la suite : à Zhengzhou en novembre 1985 pour la formation des chefs religieux des provinces du Henan, Shandong, Anhui et Jiangsu ; à Yinchuan pour la province de Ningxia ; en avril 1986 à Pékin ; en 1987, à Urumqi pour le Xinjiang, à Xining pour le Qinghai et en novembre à Kunming pour le Yunnan. Il y a maintenant en tout neuf séminaires ou instituts théologiques. Ils organisent, comme le font les AIC à divers niveaux, des cours d'instruction générale et de langue, ouverts également aux femmes musulmanes, comme par exemple à Chang De au Hunan.
A l'issue de leur réunion de novembre 1988 que nous rappelions plus haut, les secrétaires généraux soulignent ceci : "Depuis quelques années, tous les séminaires se sont attachés à contrôler les programmes des études et à résoudre les problèmes que posent le personnel enseignant, le matériel pédagogique, les logements, les équipements, etc. Chaque établissement délivre des diplômes et envoie des élèves à l'étranger pour des études plus poussées. Quelques séminaires donnent des cours spéciaux pour les imàm et les mullàh... Voici les directives et les suggestions proposées pour améliorer la direction des séminaires :
- Faciliter de plus en plus les relations des séminaires avec les bureaux gouvernementaux. Chaque séminaire doit déployer ses efforts en fonction de ses spécialités et des exigences des disciplines scolaires, renforcer et compléter son organe de contrôle, recruter un personnel dirigeant ouvert aux questions de l'islam et de l'éducation, animé d'un amour sincère pour la cause de l'islam, établir enfin, s'il fait encore défaut, un comité permanent des affaires du séminaire, chargé de contrôler et d'aider à la mise en oeuvre des directives.
- Réviser le mode de recrutement des étudiants, en fixant une politique d'ensemble, et insister sur le principe du retour des étudiants à leur propre région d'origine...
- Il est à souhaiter que l'Institut islamique chinois s'engage à créer les conditions permettant d'organiser des cours de formation des enseignants, afin qu'il soit remédié à leur grande pénurie...
- Les séminaires devront avant tout élaborer un programme d'enseignement pour chaque niveau, qui définisse après les recherches indispensables les matières qui conviennent aux divers cours. Ils prépareront aussi plus tard des programmes pour les cours spéciaux..." (44)
En août 1989, la première université musulmane chinoise, celle du Xi'an, a commencé de recevoir des inscriptions, venues avant tout des minorités ethniques.
Quand à l'instruction religieuse des jeunes, un rapport officiel du Xinjiang décrit ainsi ce qu'il en est : "Jusqu'à 1978, le comité central du Parti n'a cessé de répéter la règle qui interdit d'inculquer la moindre idée religieuse aux enfants et aux jeunes de moins de dix-huit ans. A cause de cette défense, aucune mosquée ne devait avoir une école privée, aucun enfant ne pouvait être mené dans les lieux de culte et d'activité religieuse. Par contre, à partir de 1979, on a ouvert partout des écoles privées de mosquée. Toutes les tentatives pour empêcher leur ouverture ont échoué et elles continuent de se multiplier. A Yencheng, par exemple, il n'y avait en 1979 que cinq écoles de mosquée faisant étudier l'islam à 150 élèves, mais à la fin de 1989, on comptait cinq fois plus d'écoles et d'élèves. Les voies d'accès aux livres sacrés ont évolué : les étudiants qui se contentaient auparavant de fréquenter l'école de la mosquée locale sont allés se mettre à l'école de personnalités religieuses en renom. Les étudiants de l'islam à Yenchang viennent de tout le Xinjiang. Ils aspirent tous à poursuivre leurs études théologiques à l'étranger. Depuis 1986, sous couvert de visite à leur famille, 119 étudiants des districts de Kashgar et de Hotan sont partis pour ces études à l'étranger" (45).
e) Il y a eu aussi un essor dans la publication de la littérature religieuse. La parution en chinois du périodique Musulmans de Chine a commencé en 1981, son édition en uigur en 1983. Un bureau a été ouvert pour la distribution des écrits sacrés et des livres de l'islam, qui s'est doté depuis 1984 de services commerciaux. La récente Encyclopédie chinoise a été pourvue d'un chapitre sur l'islam. Les Nouvelles pour les pèlerinages sont publiées depuis 1986. En 1987 a paru la première traduction du Coran en uigur. Des oeuvres classiques ont été rééditées et l'on a favorisé la production littéraire de jeunes écrivains musulmans.
Dans les premiers mois de 1990, la télévision chinoise a diffusé une série de programmes sur les doctrines et les pratiques de l'islam.
f) Etudes et recherches
La conférence de Kunming de février 1979 a décidé d'organiser à l'échelle nationale une série de rencontres sur l'islam, présidées à tour de rôle par les cinq provinces du nord-ouest. Des représentants de ces provinces se sont réunis la même année pour fixer le détail du programme qui allait ouvrir "une ère nouvelle des études islamiquesLes rencontres vont se succéder :
-10-20 novembre 1980 à Yinchuan (Ningxia) : 80 délégués de six groupes ethniques différents, qui présentent 47 études, centrées principalement sur les problèmes de l'histoire de l'islam du dix-huitième siècle à nos jours: les sectes de l'islam et leur hiérarchie, le rôle de l'islam dans la formation de la nationalité Hui, les caractéristiques et l'évolution de l'islam parmi les minorités après sa diffusion en Chine, le rapport entre l'islam et l'insurrection Hui, etc.;
-13-21 octobre 1981 à Langzhou (Gansu) : 150 délégués de dix groupes ethniques, 65 études : interactions entre la pensée, la culture et les traditions chinoises et musulmanes, les sectes de l'islam et leurs rapports hiérarchiques, la politique de la dynastie Qing à l'égard de l'islam et l'influence de celui-ci sur les mouvements anti-Qing, les orientations de l'islam en matière d'éducation et de diffusion de la culture en Chine, ses perspectives d'avenir, etc. ;
- 18-26 août 1982 à Xining (Qinghai) : 140 autres délégués de dix groupes ethniques, 77 études concernant : le rôle de l'islam dans les quatre modernisations du pays, l'origine de ses sectes religieuses, les commentaires chinois des textes de l'islam, les caractéristiques régionales, les rapports entre la recherche universitaire et la formulation de la politique religieuse, l'influence de la culture chinoise sur l'islam, etc. ;
- 22-29 novembre 1983 à Xi'an (Shaanxi) : 88 délégués de six groupes ethniques, une centaine d'études et de traductions concernant : le rôle de l'islam dans le monde, les relations et les influences mutuelles entre minorités ethniques, la diffusion de l'islam en Chine et ses caractéristiques, l'origine de chaque groupe islamique en Chine et sa doctrine, le rapport entre l'islam et la formation du peuple Hui, etc.
- 22-27 août 1985 à Urumqi (Xinjiang) : 112 délégués de six groupes ethniques, 79 études traitant du développement historique et de la diffusion de l'islam en diverses régions de Chine.
Il y a eu d'autres rencontres et réunions culturelles importantes, en particulier des savants Hui ont organisé des séminaires et des conférences sur l'histoire et la civilisation de leur peuple.
En novembre 1988 a été inaugurée la première institution non gouvernementale, la "Société de culture musulmane" de Pékin.
Toutes ces initiatives dans l'étude et la recherche ont approfondi de façon remarquable de nombreux points de l'histoire de l'islam en Chine et fait entrevoir son développement futur en liaison avec la réalité de la Chine aujourd'hui et de ses exigences. Elles ont aussi créé et renforcé les liens entre les équipes de chercheurs et les centres de recherche, en favorisant les échanges de rapports et d'informations. Elles ont aussi déclenché des projets ambitieux de synthèse et de traduction, tels qu'une histoire générale de l'islam dans le monde (y compris les pays arabes) et en Chine, une encyclopédie de l'islam chinois, une histoire de l'islam au Xinjiang, une nouvelle traduction du Coran, un dictionnaire de la culture et de la philosophie islamique, etc.
En fin de compte, la recherche a notablement facilité les rapports entre le gouvernement du pays et les représentants de l'islam en Chine. "Il est important que, par l'aide mutuelle que les cultures chinoise et islamique peuvent se donner pour leur expansion, par les documents et les suggestions transmis aux organes responsables du gouvernement et du Parti pour la définition de la politique religieuse, des relations étroites unissent les études de l'islam et la réalité d'aujourd'hui. La recherche en ce sens en est encore à ses débuts, le problème le plus urgent étant de savoir comment les études islamiques peuvent contribuer à une société socialiste et aux quatre modernisations. D'une manière générale, malgré un rapide progrès jusqu'en 1978 dans le sillage des directives correctes du Parti et du gouvernement, on ne constate pas des avancées évidentes dans certains domaines comme la pensée et la culture de l'islam, son idéologie et ses principes économiques. Il faut que les études islamiques soient l'objet d'un effort consciencieux et assidu pour apporter une aide plus importante dans la première étape du socialisme du pays" (46).
g) Initiatives économiques musulmanes
Le 9 octobre 1986 a été posée la première pierre d'un grand centre commercial musulman dans Wangfujing, une des artères principales de Pékin.
En 1988 un communiqué de l'agence de presse Chine nouvelle a fait savoir que, "dans la région autonome de Ningxia, les mosquées, encouragées par les réformes actuelles au niveau national, ont pris depuis quelques années des initiatives commerciales et que soixante pour cent des mosquées du Xinjiang ont ouvert des boutiques, des hôtels et d'autres services payants" (47).
En 1988 également, la région de Ningxia Hui a déposé une demande pour constituer avec une zone économique spéciale pour les investissements étrangers, spécialement pour ceux des pays islamiques.
La Banque de l'industrie et du commerce de Xining a ouvert en janvier 1989 un Centre des économies musulmanes, recueillant plus de 150 000 yuans de dépôt en un mois.
La première entreprise chinoise musulmane de haute technologie, la Beijing Aihaiwei Co, qui se préparait à exporter des outillages et du personnel spécialisé, a embauché en septembre 1989 des représentants et des experts commerciaux de divers pays islamiques pour améliorer le commerce extérieur chinois. Toutefois l'exportation de main d'oeuvre dans les pays arabes avait déjà commencé depuis plusieurs années.
La "Banque mondiale islamique pour le développement" a noué en 1985 des relations plus amicales avec les musulmans chinois en apportant son aide financière à quatre projets : les trois instituts islamiques de Pékin, d'Urumqi et de Yinchuan mentionnés plus haut, l'école de langue arabe de Tongxin, qui ont été inaugurés avant 1990.
h) Relations internationales
Tout au long de la période d'après Mao, la Chine a maintenu avec les pays arabes musulmans de bonnes relations politiques et commerciales, tout en s'adaptant de manière flexible aux situations de conflit de cette région du monde. Les visites officielles au plus haut niveau ont été fréquentes. Dans le conflit Iran-Irak et au Liban, la Chine a maintenu un profil bas, ses intérêts dans les ventes d'armes rendant peu convaincants ses appels à une solution pacifique. Elle a été un des premiers pays à reconnaître l'Etat palestinien, le 20 octobre 1988, ayant toujours maintenu des rapports étroits avec ses dirigeants.
La Chine a soutenu aussi la cause de la résistance en Afghanistan. Dans l'isolement où elle s'est trouvée après le massacre des étudiants en juin 1989 sur la place Tiananmen et les sanctions imposées par l'Occident, ses dirigeants ont redoublé d'attention pour les pays musulmans et le Moyen Orient. La Chine a trouvé de leur côté quelques reconnaissances officielles (nouant des rapports diplomatiques avec l'Indonésie, l'Arabie saoudite et Israël) et des ressources financières ajoutées à son commerce et à ses ventes d'armes (surtout au Pakistan, à la Lybie etc.). L'invasion du Koweit par l'Irak dans l'été de 1990 et la guerre du Golfe qui s'ensuivit ont donné à la Chine une bonne carte qu'elle a su jouer pour la reprise de son rôle international et pour ses objectifs commerciaux.
Dans ce contexte politique et pour mieux atteindre ses objectifs, la Chine a exploité aussi les relations religieuses et l'aide financière apportée par les pays islamiques pour la diffusion de l'islam (par la construction de mosquées, la formation des ministres religieux, les études, etc.). L'AIC a reçu et envoyé chaque année une dizaine de délégations de presque tous les pays islamiques.
En décembre 1987, un symposium international a été organisé à Pékin par la "Ligue islamique mondiale" en coopération avec son homologue chinoise (300 participants de 14 pays). En mars 1988, une délégation chinoise a participé à la onzième conférence internationale islamique au Caire et en 1989, sept spécialistes chinois furent présents aux Etats-Unis à un symposium international sur les problèmes de l'islam en Chine.
En février 1990, une délégation chinoise a pris part à la troisième conférence du Grand conseil des affaires islamiques, au Caire, qui a souligné, au sujet des défis devant lesquels le monde islamique se trouve aujourd'hui, qu'"entre pays islamiques, l'aide économique mutuelle, la coopération et l'unité peuvent résoudre les problèmes que l'islam doit affronter et diminuer les difficultés des musulmans dans le monde" (48).
En juillet 1990, dans un discours prononcé en l'honneur de la reconnaissance diplomatique entre la Chine et l'Arabie saoudite, le président de l'Association islamique chinoise, Shen Xiaxi, a dit : "Les peuples de la Chine et de l'Arabie saoudite ont une longue tradition d'amitié. L'antique route de la soie a facilité entre eux les contacts amicaux dans les domaines du commerce, de la culture et de la religion. En Arabie saoudite, la ville sacrée de La Mecque est le lieu saint vénéré auquel aspirent tous les musulmans, y compris les musulmans chinois. Environ mille croyants de Chine s'y rendent chaque année, remplissant un devoir sacré et manifestant la vénération due au tombeau du saint prophète Mohamet à Médine. Depuis la fondation de la Chine nouvelle, l'AIC a organisé vingt-deux pèlerinages, qui ont tous reçu la meilleure hospitalité et les marques de la plus grande gentillesse du gouvernement du royaume d'Arabie saoudite et des autorités responsables... Nous espérons sincèrement que les relations amicales et la coopération au bénéfice des deux parties, qui sont déjà établies entre les peuples islamiques des deux nations, iront en se renforçant et en se développant toujours plus..." (49). Pour l'occasion, la Chine a reçu de l'Arabie saoudite le don d'un million d'exemplaires du Coran et des subventions pour la formation théologique des imàm. Un vol direct a été alors inauguré entre Urumqi et Gedda, qui est à 40 kilomètres de la Mecque, pour favoriser les pèlerinages.
Depuis l'écroulement du communisme en URSS en 1989 et l'autonomie de chaque république soviétique, la Chine surveille de près ses rapports et ses échanges avec les républiques voisines : Kirghizistan, Kazakstan et Uzbekistan, où sont répartis 70 000 musulmans qui s'appellent "peuple de la plaine chinoise" (Tungkan ou tribu Hu ou vieux Hui), descendants des réfugiés en Russie après la répression de l'insurrection Hui au dix-neuvième siècle. Ils gardent non seulement leurs coutumes et traditions d'origine, mais aussi la langue du Gansu et du Shaanxi, et leurs allers-retours commerciaux et touristiques avec la Chine s'intensifient.
DONNEES STATISTIQUES SUR LES MUSULMANS
DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
*
1951 11 millions,
*
1953 8 millions,
*
1964 9 millions,
*
1982 14,6 millions
*
1989 14 millions,
*
1990 14,6 millions,
*
1992 16 millions, avec 30 000 imàm, plus de 23 000 mosquées.
Chaque année plus de deux mille Chinois se rendent en pèlerinage à La Mecque. Selon les statistiques du Bureau des affaires religieuses, les musulmans chinois seraient 20 millions. Le chiffre qui approche le plus de la réalité doit se situer entre 30 et 50 millions. Selon News Service ils seraient 65 millions. Les écarts entre les chiffres tiennent aux critères différents d'estimation. Les données officielles semblent se baser sur la population des minorités traditionnellement considérées comme musulmanes et sur les taux d'appartenance aux religions officielles. On dénombre :
*
8 602 978 Hui sinisés,
*
7 214 341 Uigur,
*
1 111 718 Kazak,
*
373 872 Tonghsiang (Dongxiang),
*
141 549 Kirghiz,
*
87 697 Salar,
*
12 212 Bonan (Paoan),
*
14 502 Uzbek,
*
4 873 Tatar
*
33 538 Tajik, soit un total de 17 597 370.
Le pourcentage moyen de croyants va de 10% pour les Hui à 35,5% pour les minorités ethniques prises ensemble (50).
L'âge du "clergé" et des responsables (imàm, mullah et muezzin) est très élevé et on a cherché à remédier à la rareté des éléments jeunes en développant l'enseignement. Les jeunes générations accusent une baisse sérieuse en instruction doctrinale, tout en ayant une bonne connaissance vécue des traditions et des us et coutumes (51).
Les musulmans se trouvent dans toutes les provinces et régions autonomes, et toutes les grandes villes ont une forte communauté islamique. Mais ils se concentrent surtout dans le Xinjiang et le Ningxia. Dans le Ningxia, 80% de la population est Hui, musulmane: 1,45 million ; il y a 2 200 mosquées et 2 500 imàm. Le Xinjiang a 8 millions de musulmans Uigur, Kazak, Hui, Kirgiz et Tajik et 17 000 mosquées ; sa population totale atteignant 15 millions, dont 38% sont Han. Dans le Qinghai, il y a 600 000 musulmans Hui et Salar, qui représentent 15% de la population (52).
CARACTERISTIQUES GENERALES DES POPULATIONS MUSULMANES
DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
Nous avons déjà souligné la force du sentiment d'identité et de solidarité des musulmans, qui vient de leur conception unitaire de la religion et de la société, et leur aspiration profonde à l'autonomie, même politique, qui les met en perpétuel désaccord avec la politique du gouvernement chinois.
Du point de vue plus directement religieux, la grande majorité des musulmans Uigur, Hui, Uzbek et Tatar se caractérisent par l'adhésion aux traditions sunnites, école hanafite, d'ailleurs diversement interprétées, tandis que les Tajik et les Kirghiz sont surtout chiites comme les Iraniens. Les Tajik ont une organisation très peu structurée, un nombre réduit de mosquées et peu d'activités religieuses. Ils ne pratiquent pas le jeûne et ne se tournent pas vers La Mecque pour prier. Souvent ils réduisent leur foi à quelque chose d'individuel. Il en est de même des Kazak, à cause de leur mode de vie nomade.
Beaucoup de musulmans de groupes ethniques différents, surtout les Uigur et Uzbek, ont adhéré au soufisme mystique, qui vénère une personnalité religieuse éminente comme un saint sur la terre. Pour le pèlerinage, il n'est pas nécessaire de se rendre à La Mecque, il leur suffit d'aller vénérer leur chef spirituel, ou son tombeau. Cela peut porter facilement au fanatisme et à l'obéissance aveugle. Les sectes sufi de la Montagne blanche ou noire des Uigur, dont Kashgar est le centre, qui avaient, déjà en 1949, plus de 200 000 adeptes se réunissant en séances secrètes de thérapie, ont peut-être contribué aux désordres de Baren d'avril 1990 que nous avons rappelés ; elles donnent beaucoup de souci aux autorités chinoises. Dans le Gansu et surtout chez les Salar, la secte Jahariyah ou de l'invocation du nom d'Allah est répandue et active. Ses membres regardent le martyre comme la valeur suprême et leur secte s'est développée jusqu'à devenir la plus importante du nord-ouest de la Chine. Les Bonan se divisent en deux sectes principales, l'une s'appuie sur la force armée, l'autre sur des pratiques ésotériques.
Mais au niveau de la base, c'est l'islam populaire qui est répandu. Il s'intéresse aux problèmes de la vie quotidienne, à l'observance des traditions, aux liens de famille et de clan plus qu'aux idées et aux doctrines théologiques. Il attache de l'importance à la prière quotidienne, cinq fois par jour, et à la prière du vendredi à la mosquée. Mais il y mêle souvent la croyance dans les exorcismes, les protections contre le mauvais oeil et les jinn ou esprits mauvais (dont on se protège par diverses amulettes), la prédiction de l'avenir et les visites aux temples des saints locaux considérés comme des intercesseurs auprès d'Allah.
ANNEXE
L'islam à Taiwan et à Hongkong
1. A TAIWAN
Il n'existait pas de mosquée à Taiwan sous l'occupation japonaise (1895-1945). La première fut ouverte à Taipeh en 1948, pour un nombre d'abord réduit de musulmans, qui augmenta quand le gouvernement nationaliste et ses fidèles vinrent se réfugier dans l'île. Le besoin se fit bientôt sentir d'une mosquée plus grande, qui fut commencée en 1958 et inaugurée en avril 1960. Entretemps, une autre mosquée avait été bâtie en 1949 à Kaohsiung, qu'une construction neuve, plus vaste, remplacerait en 1992. L'île vit également s'établir l'association islamique chinoise, qui inaugura une fondation islamique pour la culture et l'éducation, dans le but de réaliser des projets d'assistance sur place et dans la Chine continentale avec laquelle les contacts et les échanges avaient repris, surtout depuis la réouverture de la Chine aux pays étrangers. L'Association publie aussi le mensuel L'islam en Chine (53). Il existe actuellement à Taiwan cinq mosquées : deux à Taipeh, une à Taichung, une à Kaohsiung et une à Lung Kang (To Yuen), au service des quarante à cinquante mille musulmans de l'île.
2. A HONGKONG
La présence musulmane à Hongkong remonte aux militaires indiens, puis aux marchands indiens, arabes, persans, pakistanais et d'autres pays du sud-est asiatique venus dans les débuts de la colonie. La première mosquée a été construite en 1860 à Shelly Street. A ces groupes ethniques se sont peu à peu ajoutés des musulmans chinois de Hongkong ou en provenance des communautés de Canton et d'autres régions de Chine, jusqu'à former la communauté actuelle forte d'environ cinquante mille personnes. Les musulmans chinois sont organisés en une association islamique chinoise culturelle et fraternelle. Il y a aussi des associations islamiques indienne, pakistanaise, etc., unies dans la Fédération islamique fondée en 1980. Mais le gouvernement de la colonie ne reconnaît que Trustees of the Islamic Community Fund of Hongkong comme organe responsable et représentatif de la communauté musulmane pour l'administration des mosquées et des cimetières. Cet organisme comprend plusieurs organisations dont les principales : l'Union islamique de Hongkong et l'Association de la jeunesse islamique, oeuvrent dans les cinq mosquées et dans deux centres modernes à Wanchai et à Kowloon. L'une et l'autre organisent des cours d'étude, des pèlerinages, des concours de doctrine musulmane et des manifestations diverses de propagande. Elles publient, la première le Hongkong Muslim Herald, la seconde, le IYA Bulletin (54). Il existe aussi des écoles et un institut islamiques. Les musulmans de Hongkong ont toujours maintenu de bons rapports et un courant d'échanges avec leurs coreligionnaires tant des autres pays islamiques, qui fournissent une bonne part de leur effectif et une source financière non négligeable, que de Taiwan, de Macao (où il existe une mosquée avec une communauté) et de la Chine communiste, surtout depuis que celle-ci s'est rouverte sur l'extérieur en 1979.
N O T E S
(1) Joseph Needham, Scienza e civiltà in Cina, G. Einaudi Ed. vol.1, pp.218-219.
(2) Respectivement dans les provinces de Canton, Fujian, Zhejiang et Jiangsu.
(3) "Les premiers contacts directs des Chinois avec l'islam donnèrent très vite lieu à un grand nombre de légendes, dont il est difficile d'extraire la part de réalité" J.Needham, op.cit. vol.1 p.264.
(4) Il y a encore aujourd'hui à Canton un tombeau présumé de Abu Waqqas, mais il est certain que celui-ci n'est jamais venu en Chine : ibid.
(5) Tashkent ou Tagazgaz, l'actuel Turkestan qui était avec le Tibet l'un des pays limitrophes de l'empire chinois à l'Est. Cette bataille est significative du point de vue historique, parce que l'un des Chinois faits prisonniers, Tu Huang, fut emmené dans les pays arabes, y resta jusqu'en 762 et revint en Chine par bateau via Canton. Il écrivit ensuite ses souvenirs de voyage, "Jingxingji", qu'on peut considérer comme le premier livre chinois qui présente les pays arabes et la religion musulmane. Ce livre est malheureusement perdu, il n'en subsiste que des citations. Voir Le livre de Soliman (851) et le livre d'Abu Zaid (878) dans A.t'Serstevens, I Precursori di Marco Polo, Garzanti 1982 pp.89.113. Voir aussi Chen Kuirong, Histoire des religions en Chine (en chinois), Hongkong 1988 p.302.
(6) Ibrahim T.Y.Ma, Muslims in China, Cetakan Pertama, Malaisie 1991 p.24.
(7) Le livre d'Abu Zaid (878), dans A.t'Serstevens, op.cit. p.92. Voir aussi I.T.Y.Ma, op.cit. p.26 et Lee Shiu Keng, The Cross and the Lotus, Christian Study Centre, Hong Kong 1971 p.12. Les noms sont écrits de plusieurs manières. Selon A.t'Serstevens, Abu Zaid confondrait Khanfu (Canton) avec Khanzai (Hangzhou). Les chrétiens et les mages dont parle Abu Zaid sont les nestoriens et des adeptes de Zoroastre.
(
Chen Kuirong, op.cit. p.303, I.T.Y.Ma op.cit p.26.
(9) Abu Zaid écrit dans son livre à propos du massacre mentionné plus haut et de ses conséquences :"Des évènements se sont produits qui ont fait cesser notre navigation vers ces contrées, ruiné ce pays et fait tomber sa puissance...Les vainqueurs ne craignirent pas de maltraiter les marchands venus commercer dans le pays. Bientôt ils n'eurent aucun ménagement à l'égard des capitaines des vaisseaux arabes et les commandants des navires de commerce furent en butte à d'injustes prétentions..." dans A.t'Serstevens op.cit.pp.92.94.
(10) Ibrahim T.Y.Ma, op.cit. pp.41-42.
(11) Ibid.p.45ss. Certains savants soutiennent que ce même Chu Yuan Chang, fondateur de la dynastie Ming, aurait été musulman.
(12) Ibrahim Y.T.Ma op.cit.p.61.
(13) Muhammad Pai Sho Yi, dans sa Brève histoire de l'islam (en chinois), Pékin 1934, cité par Ibrahim T.Y.Ma, op.cit.pp.19-20. Parler de "race" au lieu de "peuple" respecte l'imprécision, sinon l'équivoque, qui s'est beaucoup répandue dans le monde chinois avec la présentation courante d'une Chine composée de "cinq races ou nationalités principales" (symbolisées par les cinq étoiles de son drapeau), les Han, en majorité, et les quatre minorités, Mongols, Tibétains, Mandchous et Hui. La confusion consiste à entendre Hui Min, la population Hui, comme le groupe ethnique, la nationalité ou la race Hui, en mêlant les sens multiples que peuvent revêtir, seuls ou ensemble, les termes chinois "min" et "zu" : peuple, nation, race, nationalité, ethnie, clan, groupe ou classe,etc. (voir F.Dikotter, The Discourse of Race in Modern China, Hong Kong University Press, 1992). En fait, on a vu que le terme Hui semble être la translitération chinoise du nom Uigur, groupe ethnique turc assez bien défini. Par conséquent ce terme avait probablement à l'origine une signification plus étroitement ethnique. Par la suite, toutefois, il a désigné d'une manière générale la population sémitique étrangère qui avait accepté la foi islamique et qui, comme groupe social, comprenait différents groupes ethniques. La même confusion est faite pour la "race" Han.
(14) Publié en chinois, cité en I.T.Y.Ma, op.cit.p.153.
(15) Cité dans I.T.Y.Ma op.cit.p.123.
(16) Ibid.p.124. Après son occupation de la Mandchourie en 1931, le Japon y a établi le Mandchoukuo, un Etat mandchou sous son entier contrôle, à la tête duquel il a mis Pu Yi, le dernier empereur chinois de la dynastie mandchoue Qing. A partir de cette base de départ, il a cherché à étendre ses conquêtes en Chine en jetant toutes ses forces dans la guerre sino-japonaise après l'incident du pont de Marco-Polo, près de Pékin, en juillet 1937. Ayant occupé une bonne partie du nord du pays et quelques régions côtières, contraint le gouvernement nationaliste de Chiang Kai-shek (Jiang Jishi) à faire retraite sur Chungking, le Japon établit à Nankin, avec la coopération de Wang Ching Wei, un gouvernement d'opposition sous son entier contrôle.
(17) L.Shram, The Islam in China, dans Mission Studies, sept.1950, pp.78-101.
(18) Sous le gouvernement de coalition, 1945 : écrit de Mao Zedong cité dans D.MacInnis, Religious Policy and Practice in Communist China, MacMillan, New-York 1972 p.14.
(19) Yang I-fan, Islam in China, Union Research Institute, Hong Kong 1969, pp.20-22.
(20) Burhan Shahidi dans Renmin Ribao (Quotidien du peuple), 20.21 novembre 1951.
(21) Xinjiang Ribao (Quotidien du Xinjiang), 17 décembre 1951.
(22) Id.30 septembre 1954.
(23) Renmin Ribao (Quotidien du peuple), 10 octobre 1953.
(24) Renmin Ribao (Quotidien du peuple), 5 août 1952.
(25) Le symposium s'est tenu en septembre 1958 à Yinchuan, Ningxia. Ma Chenwu, vice-président de l'AIC et membre du Bureau pour les affaires des minorités nationales du nord-ouest avait initialement coopéré avec les autorités communistes, qui s'étaient également servi de lui dans les pourparlers de conciliation avec les musulmans du Gansu en 1952. Mais il tomba plus tard en disgrâce, accusé d'avoir conspiré avec les contre-révolutionnaires de Pékin et de Nankin en 1950 et du Gansu en 1952, et surtout d'avoir voulu usurper le pouvoir dans la région autonome du Ningxia en 1958.
(26) Cité dans D.MacInnis, op.cit. pp.119-122.
(27) Hong Kong Ta Kung Pao, 22 novembre 1955.
(28) Yang I-fan, op.cit. p.62.
(29) Liu Shengming, intellectuel Hui du Hebei, fut attaqué par le quotidien provincial qui l'accusa d'avoir calomnié la politique religieuse du Parti en disant que le Parti ne voulait pas la liberté mais l'extermination des religions et que le "soin spécial" réservé aux musulmans visait à un contrôle plus complet des régions dans lesquelles ils vivaient. Liu Shengming avait aussi offensé les imàm collaborationnistes en les appelant les "moutons noirs de la nationalité Hui qui trahissent l'islam en échange de privilèges et de bonnes places". Il avait "saboté la solidarité nationale en semant l'inimitié et la discorde entre les Hui et les fonctionnaires Han" (rapporté dans I.MacInnis, op.cit. pp.208-212).
(30) Cité dans D.MacInnis op.cit.pp.198-199.
(31) Ibid. pp. 253-254.
(32) Messages en gros caractères placardés sur les murs : moyen de communication de masses largement utilisé pendant la Révolution culturelle.
(33) Cités dans D.MacInnis op.cit. p.292.
(34) Les musulmans en Chine (organe officiel de l'AIC, publié en chinois à Pékin), juin 1987.
(35) Les musulmans en Chine, février 1989.
(36) id. avril 1989.
(37) Manifestations de la fièvre religieuse dans les années récentes au sud du Xinjiang, dans Recherches de sciences sociales du Xinjiang, revue publiée en chinois à Urumqi par l'Académie des sciences sociales de la région, n.226, 2-1991.
(38) Id.
(39) Recherches de sciences sociales du Xinjiang, n.226, 2-1991.
(40) Les musulmans en Chine, février 1987.
(41) Id. février 1989.
(42) Les musulmans en Chine, mars 1990.
(43) Les musulmans en Chine, février 1989.
(44) Ibid.
(45) Recherches de sciences sociales du Xinjiang, n.226, 2-1991.
(46) Shijie Zhongjiao Yanjiu ("Recherches sur les religions dans le monde", publié à Pékin par l'Académie des sciences sociales), 1989 n.9.
(47) Agence de presse "Xinhua" du 26 juin 1988 et du 23 juillet 1988.
(48) Les musulmans en Chine (Pékin), mars 1990.
(49) Les musulmans en Chine (Pékin), juillet 1990. A propos des rapports entre la Chine populaire et l'Arabie saoudite, le Hongkong Muslim Herald (périodique musulman publié en anglais et en chinois à Hongkong, vol.11 n.6, jov.1988) a présenté une interprétation différente: "Profitant des tractations commerciales, le régime saoudien tenta d'insinuer les hérésies des sectes wahhabites dans l'esprit des 66 millions de musulmans chinois en proie aux épreuves inouïes et aux persécutions de la sinistre Révolution culturelle. En fait, les Wahhabites d'Arabie saoudite avaient commencé à s'infiltrer dans la communauté des musulmans chinois dès la chute de la Bande des quatre, à la fin des années 70..."
(50) Toutes ces données statistiques se trouvent dans le Zhongguo Tongzhi Nianjian, annuaire de statistiques édité par l'Office gouvernemental des statistiques à Pékin et dans les rapports annuels de l'AIC reproduits dans Les musulmans en Chine. D'autres sources sont l'agence de presse "Xinhua" des 21.1.1990, 1.8.1990 et 14.9.1992, Renmin Ribao du 14.11.1990 avec des données sur la composition des groupes de minorités ethniques également reproduites par E. Ryden, "La religion en Chine aujourd'hui", dans EGLISES D'ASIE (Dossiers et documents n(10/91, supplément n(121).
(51) Selon les résultats d'une enquête de la revue Recherches des sciences sociales du Xinjiang publiée à Urumqi (n.226, 2-1991), "l'enquête auprès de 70 familles Uigur du district de Kashgaret Hotan révèle que, par rapport à la période qui a suivi la Libération, l'influence des idées religieuses sur les enfants et les jeunes gens s'est légèrement affaiblie. Toutefois la religion comme idéologie sociale existe encore dans leur vie quotidienne et joue un rôle assez négatif dans la formation et le développement de la conception de la vie d'un bon nombre d'enfants et de jeunes gens...Nous avons découvert dans notre enquête que beaucoup de jeunes, même des membres de la ligue des jeunesses communistes, croient fermement que l'homme a été créé par Allah...La propagande sous divers modes et les activités religieuses, dans la société et dans la famille, constituent une pression invisible sur l'esprit des enfants et des jeunes gens : c'est devenu un des principaux facteurs qui les font croire dans la religion et participer à des activités religieuses..." (rapporté aussi dans China Study Journal, Londres, avril 1992, pp.30-32).
(52) Comme ci-dessus.
(53) C'est l'organe officiel mensuel, publié à Taipei en chinois.
(54) La première publication est mensuelle, la seconde sans périodicité fixe. Elles sont éditées à Hongkong en anglais et en chinois. [b]