Le plus souvent, on avance les effets délétères du tabac sur la santé. Parfois en vain. Et si l’argument de l’impact sur l’apparence esthétique s’avérait plus efficace ? Genre : vieillissement prématuré de la peau, ongles jaunis, cheveux fragilisés.
Bien mieux que des mots, les photos sont éloquentes. Ce sont les clichés de vraies jumelles âgées de 52 ans au moment de la prise. Elles ont passé leur jeunesse ensemble, voyageant sous diverses latitudes suivant leur père dans ses pérégrinations professionnelles; elles se sont ensuite toutes deux installées dans la même ville du Tennessee où elles vivent depuis l’âge de 20 ans environ, et exercent le même type de job. Tout, en somme, pour que ces deux sœurs jumelles, au patrimoine génétique identique, portent sur le visage les mêmes marques du temps qui passe
Pourtant, sur les clichés, c’est comme si un certain nombre d’années séparait l’une de l’autre : visage d’une femme d’âge mâture, comme on dit, pour l’une et très nettement plus ridé, pour l’autre. Le verdict sur l’échelle de photovieillissement de Larnier, qui va de 1 à 6, est sans appel : la première se voit gratifiée d’un grade 2 (moyen à modéré) et la seconde d’un 5 (sévère). Principale différence entre ces jumelles qui partagent tant de points communs ? Un paquet de cigarettes par semaine pour l’une et non pour l’autre.
La beauté avant la santé ?
Que le tabac accélère le processus de vieillissement de la peau n’est certes pas un scoop. Mais alors que l’on brandit plus généralement, entre autres messages dissuasifs, le spectre du cancer, voire des pathologies cardio-vasculaires, respiratoires, sexuelles, reproductives - et l’on en passe -, les laboratoires Pfizer ont choisi cette fois de jouer la carte des effets négatifs du tabac sur l’apparence esthétique plutôt que sur la santé. "Rester belle sans cigarette, le médecin peut vous aider" est en effet le message de la campagne à présent lancée pour promouvoir les aides au sevrage tabagique, intitulée "Libérez-vous du fumeur qui est en vous avec l’aide de votre médecin" (Voir ci-dessus).
L’argument de la beauté s’avérera-t-il plus efficace que celui de la santé ? Pas impossible, du moins auprès du public féminin de plus en plus adepte de la cigarette, soit une femme sur quatre en Belgique. C’est que, interrogées sur les raisons qui les ont amenées à fumer, les jeunes filles se disent motivées par le fait de devenir ou rester mince. Et si elles rechignent à arrêter, c’est aussi la crainte de prendre du poids qui les freine. Peut-être donc la perspective des rides sera-t-elle, qui sait ?, plus effrayante que celle du cancer ou l’infarctus dans une tentative d’arrêt tabagique.
Peau terne, sèche, rugueuse, teint gris, rides plus marquées principalement autour de la bouche , ainsi se présente la peau du fumeur, qui peut accuser 10 à 20 ans de plus que l’âge réel. Sans compter qu’aux effets néfastes sur l’apparence esthétique, vient s’ajouter un risque accru de tumeurs cutanées (carcinome), ainsi que de cancer de la bouche.
Les paradoxes féminins
"J’ai remarqué, dans ma pratique, un paradoxe chez la femme, explique le Dr Sandra Swimberghe, dermatologue à Anvers, certaines viennent me voir pour améliorer l’aspect de leur peau mais l’altèrent au quotidien en fumant. En tant que médecin, mon rôle est de leur rappeler les conséquences néfastes et multiples du tabagisme, et plus spécifiquement les conséquences sur la peau."
Comment expliquer ce processus ? "La vasoconstriction engendrée par la nicotine entraîne une réduction de la circulation sanguine et de l’apport en oxygène au niveau de l’épiderme. Les fibres élastiques, qui donnent leur élasticité à la peau, sont moins bien nourries, ce qui a pour conséquence l’apparition précoce de rides plus profondes chez les fumeuses. En outre, à l’instar du soleil, le tabac favorise la prolifération de radicaux libres, molécules oxydantes qui accélèrent le vieillissement cutané." En résumé, fumer diminue l’apport sanguin via les petites cellules, mais aussi le stock de vitamines A et C, l’élasticité de la peau ainsi que l’eau et les lipides de l’épiderme.
Et ce n’est pas tout : les petites particules de fumée qui adhèrent à la peau peuvent obstruer les pores; l’épiderme s’épaissit, devient terne et grisâtre; la couperose plus fréquente; le processus de cicatrisation ralenti. On observe par ailleurs que les affections de la peau, dont essentiellement l’eczéma et le psoriasis, sont aggravés sous l’effet du tabac. Pour compléter le tableau, on ajoutera que, suite à la diminution de la qualité de la microcircullation sanguine, le cheveu se fragilise, lui aussi, cassant plus facilement. Et les ongles ? Ils jaunissent. Comme les dents.
Des effets sur la peau, les ongles, les dents et les cheveux, en faut-il davantage pour dissuader une fumeuse ? Ou pour les persuader que la cigarette, vendue comme produit cool et sexy, n’est finalement pas si glamour
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Lun 2 Mar 2009 - 17:30
